LIGATURE DE LA CARTOUCHE CHASSEPOT
Par Jean-Pierre SEDENT
LE NŒUD D’ARTIFICIER.
Pour assembler l’étui à poudre et le cône à balle d’une cartouche réglementaire destinée au fusil Chassepot modèle 1866, il est fait usage d’une ligature en ficelle formant un nœud, appelé nœud d’artificier (les marins diront un nœud de cabestan ou encore deux demi-clés à capeler).
La réalisation de ce nœud assure un serrage régulier des deux boucles concentriques de la ficelle au fond d’une gorge préalablement façonnée sur le corps de la cartouche, sous la rondelle de carton, à l’aide d’un outil spécial appelé sertisseur. Cette gorge délimite l’emplacement exact de la ligature et en assure son positionnement en retrait par rapport au diamètre extérieur de la cartouche finie.
TECHNIQUE DE REALISATION.
1. Tendre la ficelle en tenant l’extrémité A entre le pouce et l’index de la main gauche et l’extrémité B entre le pouce et l’index de la main droite.
2. Présenter la ficelle tendue face au cylindre de l’étui, à l’emplacement où la ligature doit être effectuée.
3. Avec la main gauche, effectuer la première boucle, en passant l’extrémité A derrière l’étui, dans le sens des aiguilles d’une montre puis en la ramenant à sa position initiale, c'est-à-dire à gauche de l’étui. A la suite de cette première boucle, l’extrémité A se retrouve au dessus de l’extrémité B.
4. Avec la main droite, effectuer ensuite la seconde boucle, en passant l’extrémité B derrière l’étui, au dessus de la première boucle et dans le sens inverse des aiguilles d’une montre, puis la ramener à sa position initiale, c'est-à-dire à droite de l’étui. A la suite de cette seconde boucle, l’extrémité B se retrouve au dessus de l’extrémité A.
5. Glisser l’extrémité B de la ficelle entre le corps de l’étui et la seconde boucle qui vient d’être formée et la tirer pour faire passer dans la boucle toute la longueur de ficelle restante, tout en positionnant correctement la ligature ainsi réalisée dans la gorge de la cartouche.
6. Tirer simultanément sur les extrémités A et B en les écartant l’une de l’autre, de manière à serrer le nœud sur le corps de l’étui en papier de la cartouche.
Figure 1 : Le noeud d'artificier.
7. Terminer la ligature par un demi nœud simple (le premier nœud effectué pour lacer les chaussures). Bien le serrer sur le nœud d’artificier et couper la ficelle en excédent au ras de ce nœud.
Figure 2 : Terminer par un demi noeud simple.
LE NŒUD DE MEUNIER.
Le nœud de meunier complète le nœud d’artificier pour en faire un nœud auto serrant difficile à défaire. Il peut être employé pour la ligature des cartouches de Chassepot.
Pour effectuer ce nœud, il suffit, après avoir effectué le nœud d’artificier et avant de le serrer, de passer l’extrémité B entre le corps de la cartouche et la première boucle et de serrer ensuite en écartant les deux extrémités A et B.
Si vous employez ce nœud de meunier, la ligature est terminée.
Figure 3 : Le noeud de meunier.
PREPARATION DES LIGATURES.
Les chargeurs les plus familiarisés avec ce système confectionneront la ligature directement sur la cartouche elle-même, mais afin de gagner du temps et d’obtenir une parfaite régularité de fabrication, il est conseillé de préparer les ligatures sur une baguette ronde, dont le diamètre sera largement supérieur à celui de la cartouche à assembler. Il sera ainsi plus commode de réaliser cette opération relativement délicate sans risquer de détériorer la cartouche mais aussi et surtout d’effectuer ce travail calmement, sans s’énerver ...
Toutes les ligatures nécessaires pour fabriquer une série de cartouches peuvent ainsi être confectionnées et laissées en attente d’utilisation avec un serrage modéré sur la baguette. Il est judicieux de prévoir un espace suffisant entre chaque ligature afin de faciliter leur préhension ultérieure. Il ne restera plus au moment de l’assemblage qu’à prélever délicatement une ligature, à la présenter au dessus du projectile et à la descendre jusqu’à la gorge pratiquée sur le corps de la cartouche, où elle sera alors serrée définitivement.