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UNE CARTOUCHE MODERNE POUR LE FUSIL GRAS

 

 

FUSIL D’INFANTERIE GRAS Mle 1874

 

Par Jean-Pierre SEDENT

 

 

Observations de l’Auteur :

 

Le texte qui suit est la retranscription de l’un des  chapitres d’un Traité d’Artillerie en ma possession et édité en France aux environs de 1884.

 

 Cette retranscription, aussi fidèle que possible, est destinée à assurer la plus large diffusion auprès des tireurs et collectionneurs passionnés par les armes anciennes et le fusil Gras Mle 1874 en particulier. Les dessins manquent un peu de précision et quelques erreurs ont été décelées dans le texte et les illustrations, mais  faisons preuve d’indulgence puisque ce document a été écrit et imprimé avant 1884. Ces erreurs ont été corrigées ou signalées chaque fois que cela était possible.

 

Bonne lecture à tous...

 

 

 

FUSIL MODELE 1874

 

 

Le fusil modèle 1874 a une certaine ressemblance avec le fusil modèle 1866, mais il en diffère par le système de culasse mobile et de cartouche. Nous en donnons la forme générale dans la figure ci-dessous. On considère dans le fusil modèle 1874 cinq parties principales :

 

1.      Le canon.

2.      La culasse mobile.

3.      La monture.

4.      Les garnitures.

5.      L’épée baïonnette.

Fusil Mle 1874

I. – Canon.

 

 

Le canon est formé de deux parties : le canon proprement dit et la boite de culasse.

Le canon est en acier puddlé fondu. A l’extérieur il a la forme générale d’un tronc de cône. L’épaisseur du métal va en croissant depuis la tranche de la bouche jusqu’au tonnerre.

 

Le canon

 

L’intérieur du canon comprend l’âme et la chambre.

L’âme est cylindrique et rayée. Le calibre mesuré sur le plein des rayures est de 11 millimètres. Les rayures tournant de droite à gauche, au nombre de quatre, ont une profondeur uniforme de 0,25mm, le pas est de 0,55m. Les pleins égaux aux vides sont raccordés à ceux-ci par des arcs de cercle de 0,5mm de rayon.

 

  

             Les rayures

 

La chambre, destinée à recevoir les cartouches, se compose de cinq troncs de cône successifs raccordés entre eux, et le dernier de ces troncs de cône, qui sert de logement à la balle, raccorde la chambre avec l’âme du canon. Quand la cartouche est à fond, la balle se trouve à l’origine des rayures et le bourrelet fait saillie sur la tranche du canon.

A l’intérieur, le tonnerre se termine par un bouton fileté qui permet de visser le canon dans la boite de culasse. Ce bouton est taillé en biseau pour le logement de la griffe de l’extracteur.

 

Le tonnerre

 

Le canon porte à son extrémité antérieure, vers la bouche, un guidon qui est exactement placé dans le plan vertical passant par l’axe du canon. Il porte en outre la directrice, le grand tenon et le petit tenon qui servent à fixer l’épée-baïonnette.

La hausse se compose d’un pied brasé, d’une planche mobile et d’un curseur à rallonge.

Afin d’utiliser la portée efficace de l’arme, la graduation de la hausse a été poussée jusqu’à 1800 mètres.

On peut remarquer que les crans de mire du curseur et ceux de la planche ne se trouvent pas exactement dans le plan du tir. Ils sont déviés à gauche de quantités variables pour chaque cran, de manière à corriger les déviations dues à la dissymétrie de l’arme.

 

 

La boite de culasse,  qui prolonge le canon, sert à introduire la cartouche et peut s’ouvrir et se fermer au moyen de la culasse mobile.

Elle comprend :

L’écrou a, dans lequel est vissé le canon ;

L’échancrure b, qui permet d’introduire la cartouche ;

Le rempart c, qui donne appui au renfort du cylindre ;

La rampe hélicoïdale d, formant une surface inclinée à l’avant, de façon qu’en rabattant le levier à droite, le renfort amène la tête mobile à sa position et achève de bander le ressort à boudin ;

Les épaulements ;

La queue de culasse ;

Le tenon de recul g, pour donner appui à la culasse sur la monture ;

Le trou de la vis de culasse ;

La fente de la gâchette i, qui sert à maintenir le chien à l’armé ou à le faire partir ;

Le trou de la vis éjecteur j, dont la tête en saillie est destinée à servir de pivot au mouvement de bascule qui doit jeter l’étui vide au dehors ;

Le trou de la vis du ressort-gâchette ;

Le trou l de la vis arrêtoir de la vis de ressort gâchette ;

Le trou m de la vis arrêtoir de culasse mobile ;

L’évidement circulaire n, et la rainure longitudinale r pour l’échappement des gaz, en cas de rupture au bourrelet de la cartouche.

 

La boite de culasse

 

II. – Culasse mobile.

 

La culasse mobile se compose de sept pièces, savoir :

1° Le cylindre ;

2° La tête mobile ;

3° L’extracteur.

4° Le percuteur ;

5° Le ressort à boudin ;

6° Le manchon ;

7° Le chien.

 

Le cylindre est la pièce de fermeture proprement dite. Il est creux et renferme le ressort à boudin ainsi que le percuteur.

A l’extérieur se trouve le renfort, qui sert à guider les mouvements de la culasse mobile, mais surtout à fermer le canon.

En avant du renfort se trouve un bouton en saillie qui s’engage dans un logement correspondant du renfort de tête mobile, afin de rendre les deux pièces solidaires dans le mouvement de translation. Une nervure, placée auprès de ce bouton, empêche tout déversement du cylindre vers la droite ; et la butée du bouton dans son logement remplit le même office pour empêcher le déversement vers la gauche.

Deux rainures ont été pratiquées sur la paroi intérieure du cylindre : l’une, inférieure, sert de passage à la tête de gâchette ; l’autre, latérale, reçoit l’extrémité de la vis arrêtoir.

A l’arrière du cylindre se trouve une entaille dans laquelle s’engage le coin d’arrêt du chien lorsqu’il se porte en avant pour produire la percussion. Ces deux pièces s’appuient l’une contre l’autre par les rampes hélicoïdales. Lorsqu’on tourne le levier de droite à gauche, le cylindre seul pouvant prendre un mouvement de rotation, le chien est obligé de reculer de toute la hauteur du coin, ce qui produit l’armé automatiquement.

 

Le cylindre

 

La tête mobile sert à donner appui au culot de la cartouche et à loger l’extracteur. Elle forme le prolongement du cylindre, mais elle ne participe pas à son mouvement de rotation. Elle est percée d’un canal circulaire en avant et ovale en arrière, dans lequel s’engage un percuteur qui a une forme semblable. Il en résulte que ces deux pièces, lorsqu’elles se pénètrent, ne peuvent prendre de mouvement de rotation autour de l’axe indépendamment l’une de l’autre.

En avant, la tête mobile se termine par une cuvette, qui reçoit la partie tronconique du culot de la cartouche.

Une rainure inférieure sert au passage de la vis éjecteur. Une rainure latérale, prolongement de celle du cylindre, sert au passage de la vis arrêtoir. Enfin, une rainure transversale est destinée à donner issue aux gaz qui pourraient provenir d’une rupture du culot obturateur.

A la partie supérieure de la tête mobile se trouve un renfort qui se prolonge par une queue évidée, pour former le logement de l’extracteur.

Une mortaise pratiquée sur le côté droit sert à recevoir le bouton du cylindre pour relier les deux pièces lorsqu’on ouvre le tonnerre.

 

La tête mobile

 

L’extracteur  se compose de deux branches formant ressort et d’un pivot fixé à la branche supérieure, par lequel cette pièce se relie à la tête mobile.

La branche supérieure se termine par un plan incliné qui est prolongé par la surface inclinée de l’échancrure. La branche inférieure porte une griffe pour saisir le bourrelet de la cartouche.

Par cette disposition, la griffe passe aisément par-dessus le bourrelet quand on pousse la cartouche ; mais une fois à fond, le ressort est fortement tendu et rend l’extraction de la cartouche assurée.

Lorsque les branches de l’extracteur sont engagées dans le logement de la boite de culasse, la tête mobile et par suite le percuteur ne peuvent prendre aucun mouvement de rotation.

L’extracteur est placé à la main dans la tête mobile où sa position est fixée par son pivot s’engageant dans la mortaise.

 

L'extracteur

 

Le percuteur est une tige en acier présentant un épaulement sur lequel agit le ressort à boudin pour produire la percussion.

La pointe traverse la tête mobile et vient par son extrémité frapper l’amorce de la cartouche.

Un méplat ovale raccorde l’épaulement et la pointe. Sa longueur est telle qu’il reste toujours engagé en partie dans son logement de façon qu’il ne puisse prendre aucun mouvement de rotation.

Le percuteur se termine à l’arrière par un T.

 

Le percuteur

 

Le ressort à boudin est un fil d’acier de 1,5 millimètre de diamètre enroulé en hélice et faisant 20 tours sur une longueur de 7,5 centimètres. Il prend appui contre le fond du cylindre d’une part et contre l’épaulement du percuteur de l’autre.

L’effort exercé, quand le chien est à l’armé, est de 13 kilogrammes environ.

 

Le ressort du percuteur

 

Le manchon sert à relier le chien au percuteur. Il présente un logement pour le T du percuteur et s’emboîte dans un autre logement pratiqué à l’arrière du chien. Deux ailettes formant saillie au dessus du logement des deux branches du T viennent, en se plaçant dans un logement correspondant du chien, rendre ces pièces solidaires avec le chien.

Une fente de repère indique la position dans laquelle le manchon peut être poussé en arrière de son logement et sert ainsi de guide au soldat dans le montage et le démontage de la culasse mobile.

 

Le manchon

 

Le chien est creux et traversé par le percuteur avec lequel il doit s’assembler.

Un renfort guide le chien dans les mouvements de la culasse mobile.

Sous le renfort, se trouve le coin d’arrêt qui s’engage dans l’entaille correspondante du cylindre, lorsqu’on met le chien à l’abattu, et dont l’un des côtés est taillé en rampe hélicoïdale avec un léger évidement demi cylindrique à l’extrémité.

Le renfort se termine en arrière par une gorge et par une crête quadrillée, qui servent pour agir sur le chien avec le pouce.

En arrière de la crête se trouve une fente de repère qui correspond à celle du chien et qui sert à opérer le montage ou le démontage du chien, du percuteur et du manchon.

A la partie inférieure se trouvent le cran de sûreté et le cran de l’abattu.

 

Le chien

 

Fonctionnement du mécanisme.

 

Nous supposons que le coup étant parti, on veuille recharger l’arme.

La charge proprement dite, lorsque le tireur est en position, comporte trois opérations, ou, pour nous servir du terme de la théorie, trois temps, savoir :

1° Ouvrir le tonnerre ;

2° Mettre la cartouche dans le canon ;

3° Fermer le tonnerre.

 

Pour ouvrir le tonnerre, il faut relever le levier de droite à gauche et retirer sans brusquerie la culasse mobile en arrière, jusqu’à ce que la tête mobile soit arrêtée par la vis arrêtoir.

En relevant le levier, le cylindre tourne de droite à gauche, indépendamment des autres pièces et leur communique seulement son mouvement dans le sens longitudinal. La vis arrêtoir, glissant dans la partie hélicoïdale de la fente latérale du cylindre, toute la culasse mobile est portée un peu en arrière, la tête mobile entraînant dans ce mouvement l’extracteur et la cartouche.

En même temps, les deux portions hélicoïdales du chien et du cylindre tournant l’une par rapport à l’autre, le chien, qui ne peut prendre qu’un mouvement de translation, recule d’une quantité égale à la saillie du coin d’arrêt, en comprimant le ressort à boudin.

Le levier étant relevé, on ramène la culasse mobile en arrière jusqu’à ce que la vis arrêtoir bute contre l’extrémité de la rainure latérale qui se trouve sur la tête mobile. L’étui de la cartouche est entraîné et vient buter par sa partie inférieure contre la vis éjecteur, dont la tête est en saillie sur la boite de culasse. Il se produit à ce moment un mouvement de bascule qui rejette vivement la cartouche hors de l’arme.

 

Le deuxième temps qui consiste à placer la cartouche dans le canon, s’effectue, comme l’indique la théorie, en plaçant la cartouche dans l’échancrure, la balle en avant, et en l’accompagnant dans la chambre avec le pouce de la main droite.

 

Le troisième temps a pour but de fermer le tonnerre. Pour cela, il faut pousser la culasse mobile en avant et tourner le levier franchement pour le rabattre complètement à droite.

Les effets qui se produisent pendant ce temps sont les suivants :

Le devant de la griffe de l’extracteur pousse la cartouche dans la chambre, si elle n’y est déjà complètement introduite. La rampe de la fente latérale du cylindre rencontre bientôt la vis arrêtoir, et le cylindre ne peut plus dès lors avancer qu’à la condition de tourner à droite.

Dans la première partie de la rotation, la pièce d’arrêt se dégage du cran de l’armé et se porte en avant, jusqu’à ce que le chien soit arrêté par la tête de gâchette. Le chien prenant alors un point d’appui sur la tête de gâchette, le cylindre poussé par le ressort à boudin vient à son tour s’appuyer, par son renfort, et prendre appui sur le rempart de la boite de culasse.

En continuant le mouvement de rotation, le cylindre s’avance en achevant de bander le ressort, et son entaille ou rainure de départ se trouve vis-à-vis du coin d’arrêt du chien, qui n’est plus maintenu que par la tête de gâchette.

Les branches de l’extracteur, ayant pénétré dans leur logement, maintiennent la tête mobile dans sa direction et le bouton du cylindre l’abandonne en tournant. De plus, la branche inférieure franchit le bourrelet de la cartouche, pendant que la branche supérieure glissant sur le plan incliné de son logement se bande légèrement.

En agissant sur la détente, la tête de gâchette s’abaisse, le chien devient libre et le ressort à boudin agit sur le percuteur qui entraîne le manchon et le chien. La pointe du percuteur,  dépassant de l’abattu la tranche de la tête mobile, atteint l’amorce et détermine l’inflammation de la cartouche ; sa course en avant est limitée par la butée du chien contre le cylindre.

 

Le coup parti, la charge recommence dans l’ordre qui vient d’être indiqué.

 

Le mécanisme

 

Cran de sûreté.

 

Le cran de sûreté permet au soldat de conserver son arme chargée, sans cependant laisser le chien à la position du bandé. Il est disposé de telle sorte que la course du percuteur ne soir pas suffisante pour produire un choc capable de faire détonner l’amorce de la cartouche. Ce cran sert en même temps de cran de repos pour le ressort de gâchette et c’est là son usage le plus fréquent.

Dans certaines armées étrangères, on a établi un cran de sûreté enrayant l’arme d’une façon complète. En France, on n’a pas jugé utile d’introduire cette disposition dans le fusil modèle 1874, attendu qu’il est admis en principe que l’on ne doit charger qu’au moment de tirer.

Le cran de sûreté consiste en un simple cran pratiqué sur le chien dans une position convenablement choisie.

Il y a deux manières de mettre le chien au cran de sûreté, suivant qu’il est préalablement à l’abattu ou au bandé.

Pour passer de l’abattu au cran de sûreté, il suffit de tourner le levier jusqu’à ce qu’on entende la tête de gâchette tomber dans le premier cran.

Dans le cas où l’arme est chargée et le chien au bandé, il faut amener le renfort du cylindre dans le prolongement du pan intermédiaire de la boite de culasse, puis placer la main gauche sous la boite de culasse, les doigts dans l’échancrure pour empêcher le levier de se rabattre complètement à droite ; appuyer légèrement sur la détente avec le premier doigt de la main droite, et accompagner le chien en le soutenant avec le pouce,  de manière qu’en abandonnant la détente, la tête de gâchette tombe dans le cran de sûreté et y soit arrêtée.

Pour armer,  le chien étant au cran de sûreté, il suffit de relever complètement le levier et de le rabattre ensuite à droite.

Le chien étant au cran de sûreté, pour le remettre à l’abattu, il suffit de presser sur la détente et d’achever d’abattre le levier à droite si ce mouvement ne se produisait pas de lui-même, ce qui a lieu en général, par l’effet de la pression du coin d’arrêt sur la rampe hélicoïdale du cylindre.

 

(NDLR : Les amorces actuelles étant beaucoup plus sensibles que celles de l’époque et ne comportant pas de couvre amorce, ne jamais utiliser le cran de sûreté avec une cartouche dans la chambre... Ceci est la seule vraie sûreté pour éviter les accidents...)

 

III. – Monture.

 

La monture sert à relier les pièces de l’arme. Elle doit satisfaire à un certain nombre de conditions dont les principales sont :

1° de faciliter le maniement de l’arme dans toutes les circonstances ;

2° de rendre aisée la mise en joue et d’atténuer autant que possible l’effet du recul ;

3° de présenter des logements pour un certain nombre de pièces, telles que le canon, la boite de culasse, le ressort gâchette, le tenon de recul, la queue de culasse, les ressorts d’embouchoir et de grenadière, la sous garde, l’embase du battant de crosse, la plaque de couche et le canal de baguette. Pour que les secousses produites par le tir, le recul, les chocs accidentels, etc., n’exposent pas l’arme à des dégradations, on a eu soin de laisser des jours de 3/10 de millimètre aux extrémités des pièces encastrées.

 

La monture comprend trois parties :

1° le fût ;

2° la poignée ;

3° la crosse ;

 

 

Le fût a contient le logement du canon et de la boite de culasse. A cause des nombreux logements et encastrements qui y sont pratiqués, il est nécessaire qu’il soit composé d’un bois de bonne qualité, léger, sec et fibreux. En France, c’est le noyer qui a obtenu la préférence. Le fût doit être arrondi à l’intérieur et présenter un logement permettant de recevoir le canon sur la moitié de son diamètre.

 

La poignée b sert à saisir l’arme soit pour le tir, soit pour l’escrime à la baïonnette. Pour cela, on lui donne une section ovale, de dimensions telles que la main puisse l’embrasser entièrement sans difficulté.

La tranche du tonnerre et le devant de la plaque de couche doivent laisser un jour à leur partie supérieure, afin d’éviter que ces pièces ne soient dégradées par le recul ou par un choc accidentel.

 

La crosse c s’élargit pour répartir l’action du recul sur toute la surface de l’épaule et servir de contrepoids au canon.

Pour qu’on puisse viser facilement, il faut que la crosse qui s’appuie à l’épaule soit abaissée suffisamment pour qu’on puisse porter rapidement l’œil dans le prolongement de la ligne de mire.

On appelle couche, la partie comprise entre l’extrémité de la crosse et la queue de culasse. La couche doit avoir une certaine pente, de manière à atténuer les effets du recul, mais elle est surtout déterminée par la condition que la hausse se trouve à hauteur de l’œil sans que la crosse cesse d’être appuyée à l’épaule.

 

IV. – Garnitures.

 

La baguette est formée d’une tige en acier trempé et recuit. La tête présente un trou fraisé à la partie supérieure, et l’extrémité inférieure est filetée, afin qu’on puisse y adapter le lavoir et aussi la fixer dans le taquet écrou.

Une fente pratiquée dans la tête de la baguette permet l’introduction de la lame du tournevis.

 

La baguette

 

L’embouchoir fixe le canon à l’extrémité du fût, le corps contourne exactement le canon et le bois, les coulisses portent sur les bords du fût ; l’entonnoir forme l’entrée du canal de baguette. Le corps présente en avant une échancrure pour le passage du tenon et du guidon ; il est terminé en bec du côté opposé.

 

L'embouchoir

 

Le ressort d’embouchoir maintient l’embouchoir sur le fût. Il porte d’un côté une goupille pour le fixer au bois et, du côté opposé, un pivot qui s’engage dans l’embouchoir.

 

Le ressort d'embouchoir

 

La grenadière comporte les coulisses par lesquelles elle s’appuie sur les bords du fût, le battant avec son pivot, son anneau et ses rosettes. Elle est maintenue par le ressort de grenadière.

 

La grenadière

 

 

Le ressort de grenadière

 

La sous-garde comprend :

1° le pontet qui sert à garantir la détente contre les chocs accidentels ;

2° la pièce de détente, qui sert à limiter le mouvement de la détente.

 

Le pontet

 

La pièce de détente

 

 

Le battant de crosse sert de deuxième point d’attache à la bretelle ; il est semblable au battant de grenadière, seulement il est fixé à la monture au moyen d’une embase traversée par deux vis à bois.

 

Le battant de crosse

 

La plaque de couche est une pièce de monture en fer qui recouvre l’extrémité de la crosse pour la préserver des chocs contre le sol. Elle est fixée au moyen de deux vis à bois, l’une sur le devant, l’autre sur le dessous.

On a eu soin de faire déborder un peu le bois pour que, par suite de l’usure, le fer n’arrive jamais à déborder la crosse ;

 

 

La plaque de couche

 

Accessoires.

 

Chaque soldat est pourvu d’un jeu d’accessoires d’armes comprenant un nécessaire d’arme et un lavoir en laiton.

Le nécessaire se compose :

1° D’une boîte en tôle de fer a dont le fond b est percé d’une fente c dans laquelle on engage la lame du tournevis.

 

Le nécessaire

 

2° D’un huilier d qui ferme la boite et est lui-même bouché par une vis. Une rondelle en cuir complète la fermeture ;

3° D’une lame de tournevis e dont les bouts ont des dimensions différentes ;

4° D’une curette spatule f ;

5° D’une trousse en drap servant à réunir ces deux derniers objets.

Le lavoir porte un trou taraudé qui sert à le fixer au bout de la baguette. Il est percé d’une fente dans laquelle on engage un chiffon pour laver l’arme et pour essuyer ou graisser l’intérieur du canon.

 

Le lavoir

Tir au fusil modèle 1874.

 

La vitesse initiale de la balle du fusil modèle 1874 est de 455 mètres, sa portée efficace de 1500 mètres.

D’après des expériences faites à Versailles, la portée de cette arme, pour des angles de tir variant de 25° à 35°, est constamment voisine de son maximum. La dispersion des coups est très grande et l’influence du vent sur la portée est très forte. Les balles les plus éloignées du tireur ont été retrouvées à 2800 mètres environ.

En général, la balle reste dirigée suivant la tangente à la trajectoire ; elle est toujours dangereuse, car elle pénètre en terre de 8 à 10 centimètres, et conserve assez de vitesse pour couper un caillou en deux.

 

La cartouche Mle 1874

 

 

CARABINE DE CAVALERIE MODELE 1874

 

La carabine de cavalerie est plus légère et plus courte que le fusil d’infanterie. Sa longueur est de 1,17 m et son poids d’environ 3,6 kg. Par suite de la réduction de la longueur du canon, la vitesse initiale n’est que de 440 mètres au lieu de 450 mètres environ.

 

(NDLR : la capucine est indiquée par erreur au lieu de l’embouchoir.)

 

La cartouche est la même que pour le fusil.

Les conditions particulières qu’entraîne le port de la carabine dans la cavalerie, ont obligé à faire certaines modifications en dehors de la différence de longueur.

Ces modifications sont les suivantes :

1° Le levier est coudé,  afin de s’appliquer contre la monture lorsque le tonnerre est ferme.

 

Le levier coudé de la carabine

 

 

2° L’arme ne comportant pas de baïonnette, les tenons et la directrice ont été supprimés.

3° Le port à la grenadière a nécessité le déplacement des battants de crosse et de grenadière. Le premier a été placé en avant et contre le pontet, et a pris le nom de battant de sous-garde. Le second a été remonté, et pour assurer la fixité du canon dans son logement, on a dû ajouter une ajouter une troisième boucle qui a pris le nom de capucine. La sous-garde a été faite d’une seule pièce pour présenter plus de solidité en vue de recevoir le battant de sous-garde.

4° La vitesse initiale étant moindre que dans le fusil, on n’a pas jugé nécessaire de visser la baguette. On a simplement retenu la tête par le rebord de l’embouchoir en l’engageant suffisamment dans la monture pour qu’elle ne soit pas en saillie, afin d’éviter que les rênes ne se prennent pas entre la baguette et le canon.

5° On a arrondi les angles de la hausse et on a enchâssé la planche entre deux rebords, afin de la préserver contre les chocs. La hausse ne porte pas de rallonge et est graduée jusqu’à 1100 mètres seulement.

6° La plaque de couche, la sous-garde, l’embouchoir, la grenadière et la capucine sont en laiton.

 

La carabine de gendarmerie modèle 1874 n’est autre qu’une carabine de cavalerie munie d’un simple tenon pour l’adaptation de la baïonnette quadrangulaire de la gendarmerie à cheval, et d’un tenon et d’une directrice pour le sabre-baïonnette modèle 1866 de la gendarmerie à pied.

 

MOUSQUETON D’ARTILLERIE MODELE 1874

 

Le mousqueton modèle 1874 est destiné aux servants de l’artillerie ; il est semblable à la carabine de gendarmerie, avec cette différence que sa longueur totale est de 0,99 mètre et son poids de 3,300kg.

 

Le mousqueton d'artillerie

 

Les rayures sont dirigées de gauche à droite, afin de compenser la déviation due aux vibrations de l’arme, qui se produit à gauche. Ce mousqueton tire la cartouche modèle 1874 avec une vitesse initiale de 415 mètres.

On a conservé pour cette arme le sabre-baïonnette modèle 1866.

 

FUSIL MODELE 1866-1874

 

La transformation du fusil modèle 1866 a été opérée dans le but de lui permettre de tirer la cartouche modèle 1874, et de le rendre autant que possible semblable au fusil modèle 1874.

Cette transformation comprenait cinq séries d’opérations ayant pour objet :

1° La transformation du canon ;

2° La transformation du mécanisme de fermeture ;

3° La transformation des garnitures ;

4° La transformation de l’appareil de pointage ;

5° Le remplacement du sabre-baïonnette par l’épée-baïonnette.

 

Transformation du canon.

 

Cette opération consistait à tuber le canon vers l’extrémité postérieure du bouton fileté de manière à reporter la chambre en avant.

Le tube est un tronc de cône de 10 centimètres de longueur dont les diamètres extrêmes ont 19 millimètres et 16,1 ; il est foré au calibre de 11 millimètres et porte deux ailettes à sa partie postérieure.

 

Le tubage du canon

 

Le logement du tube dans le canon était fait en conséquence ; le tube y a été introduit de manière à éprouver un léger serrage et à venir butter contre le fond du logement.

On a pratiqué ensuite dans le canon la chambre et l’aminci, comme pour le fusil modèle 1874, puis on a raccordé la chambre avec l’âme par une partie cylindrique.

On a alors vissé à fond le canon dans la boite de culasse, et le tube a été appliqué par ses ailettes contre la tranche de l’écran de la boite de culasse ; il s’est trouvé ainsi emprisonné entre le canon et la boite de culasse et n’a pu avancer,  ni reculer, ni tourner ; il est donc absolument solidaire du canon et de la boite de culasse.

 

Transformation du mécanisme de fermeture.

 

On a substitué une culasse mobile complète modèle 1874 à la culasse mobile primitive. En conséquence, il a été nécessaire de modifier un peu la boîte de culasse pour permettre l’introduction et le jeu de la nouvelle culasse. Ces modifications ont été les suivantes :

On a alésé la boîte de culasse, retaillé les différentes faces de la fente supérieure et de l’échancrure, pratiqué le logement de l’extracteur, et fixé la vis éjecteur.

On a reculé de 9 millimètres le trou du ressort de gâchette.

On a donné à la détente le même profil qu’à la détente du fusil modèle 1874.

 

Transformation des garnitures.

 

On n’a eu à modifier que le pontet, auquel on a ajouté un taquet-écrou, et à la baguette qui a reçu une fente pour l’introduction d’une lame tournevis et un trou fraisé sur la tête pour servir au montage et démontage de la culasse mobile.

(NDLR : L’épaulement de retenue de la baguette a également été supprimé.)

 

Transformation de l’appareil de pointage.

 

On a dû modifier les graduations de la hausse, qui ne correspondaient plus au tir de la cartouche modèle 1874. On a également modifié le mode de maintien du curseur à rallonge sur la planche mobile, en y ajoutant un ressort et une vis-arrêtoir. On a enlevé les gradins et l’on n’a conservé sur le pied que des rebords assez élevés pour protéger la planche rabattue.

D’autre part, la largeur de la planche ne permettait pas de déplacer suffisamment les crans de mire vers la gauche, de manière à tenir compte de la déviation produite par le défaut de symétrie de l’arme. On a dû, en conséquence, déplacer le guidon vers la droite d’une quantité telle que la correction nécessaire n’exigeât plus qu’un déplacement peu considérable de chacun des crans de mire.

 

La hausse du fusil 1866/1874

 

Les différences entre la hausse du fusil modèle 1866-1874 et celle du fusil modèle 1874 sont les suivantes :

Le cran de mire du sommet de la planche correspond à la distance de 1200 mètres,  au lieu de 1300 mètres.

Celui du sommet du curseur baissé à la distance de 1300 mètres au lieu de 1400 mètres.

Celui du sommet du curseur levé à la distance de 1700 mètres au lieu de 1800 mètres.

Il en résulte que l’arme transformée n’a sa hausse graduée que jusqu’à 1700 mètres.

 

Remplacement du sabre-baïonnette par l’épée-baïonnette.

 

Ce remplacement n’a nécessité aucune modification à la directrice ou aux tenons, le mode d’adaptation des deux baïonnettes étant le même.

 

Carabines et mousquetons modèle 1866-1874.

 

Ces armes ont subi les mêmes transformations que le fusil modèle 1866-1874. Toutefois, le guidon qui sur les carabines modèle 1866 était placé à 1 millimètre à gauche du plan de tir, est reporté à 1 millimètre à droite. Celui du mousqueton, qui était primitivement à 2 millimètres à gauche, a été placé directement dans le plan de tir.

Les hausses de ces armes ont reçu une nouvelle graduation par suite de l’augmentation de la vitesse initiale de la cartouche modèle 1874. La hausse des carabines a été graduée à nouveau jusqu’à 1100 mètres, et celle du mousqueton jusqu’à 1250 mètres.

 

Les baïonnettes.

 

Le sabre baïonnette modèle 1866 :

 

 

 

La baïonnette à douille modèle 1866-1874 :

 

 

 

L’épée baïonnette modèle 1874 :

 

 

 

 

 

fin