FUSIL D'INFANTERIE GRAS Mle 1874

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POUDRE  FINLANDAISE  ET  FUSIL  GRAS

 

UNE CARTOUCHE MODERNE POUR LE FUSIL GRAS

Par Jean-Pierre SEDENT (1)

 

Le fusil réglementaire français Mle 1874 dit  fusil GRAS  est une arme militaire de très bonne facture, dont la finition et le fonctionnement sont irréprochables. Tout le savoir-faire armurier français du 19ème siècle est représenté dans cette arme magnifique produite à cette époque par nos manufactures nationales.

Cependant, malgré tout le soin apporté à la fabrication de ce nouveau fusil et à sa finition, la précision du tir n’était pas celle que l’on était en droit d’espérer d’une arme de cette qualité, même si cette précision était fort honorable au combat  pour l’époque considérée. Il fallait bien le reconnaître, la première cartouche française à étui métallique n’était pas au point, et c’est pourquoi des essais d’amélioration du chargement de la cartouche et de ses composants se sont déroulés jusqu’à l’arrêt de la fabrication de ce fusil (et même bien au-delà !).

En ce dernier quart du 19ème siècle, nous en étions seulement à la préhistoire de la cartouche à étui métallique et, à cette époque, l’industrie française ne maîtrisait pas encore complètement ces nouvelles techniques. Beaucoup de choses restaient à découvrir. Il faut en effet se rappeler que seulement 9 années séparent chez-nous l’utilisation des dernières armes de « gros calibre » à chargement par la bouche, de l’avènement de celles dites de « petit calibre » se chargeant par la culasse à l’aide de cartouches à étuis métalliques. Il s’agit donc dans ce domaine d’une véritable révolution.

Après la guerre de 1870, le CHASSEPOT était encore en service, avec sa fragile cartouche en papier qui provoquait un encrassement maximum du mécanisme de l’arme, après le tir de quelques coups seulement.

L’avènement de la cartouche à étui métallique devait révolutionner l’art de la guerre en facilitant le rechargement, en supprimant l’encrassement de l’arme par une étanchéité parfaite de l’étui métallique plaqué au départ du coup contre la paroi de la chambre, et en permettant également d’accélérer encore la cadence de tir.

Pour cela, nous disposions déjà d’une bonne arme qui avait récemment fait ses preuves, d’un calibre de 11mm, d’un pas de rayures de 550mm et d’un projectile de 25 grammes. La modification du chassepot paraissait donc possible et surtout urgente, puisque l’Allemagne venait d’adopter le MAUSER 1871 de même calibre et à cartouche métallique. Il fallait moderniser notre armement dans les meilleurs délais !

La genèse de cette histoire est bien connue et il n’est pas nécessaire de revenir sur ce sujet. L’objet du présent article n’est pas de refaire l’histoire, mais de fabriquer une cartouche moderne pour notre splendide fusil Mle 1874, première arme d’épaule réglementaire  française à cartouche métallique, dont la mère n’est autre que la célèbre carabine de VINCENNES Mle 1865 et le père le non moins célèbre fusil CHASSEPOT Mle 1866. Avec de telles origines, notre fusil GRAS aurait dû devenir une arme légendaire, au même titre que certaines armes américaines de cette époque, car il porte en lui toutes les qualités essentielles requises en matière de balistique, de robustesse et de fiabilité pour passer à la postérité. De nos jours, on ne le rencontre malheureusement que trop rarement sur un stand de tir, et son utilisation relève davantage de raisons sentimentales que d’une réelle appréciation des qualités de cette arme.

Le fusil Mle 1874 serait-il à présent tout simplement destiné à figurer en panoplie dans une collection ?  Par bonheur pour les tireurs passionnés par cette arme, il n’en est rien !

C’est avec une très grande satisfaction  que j’utilise le fusil GRAS depuis plusieurs années pour le tir sur cible C50 à 100 mètres. Ces tirs s’effectuent en recherchant le maximum de précision, c’est-à-dire en position assise, le fût de l’arme reposant sur un support. Après  une très longue période de recherches, après de nombreux essais de composants, de projectiles de formes diverses, et de relevés de vitesses, j’ai enfin réussi à obtenir avec cette arme les résultats  espérés.  Il a fallu sortir des sentiers battus et  voici comment j’ai procédé.

QUELQUES REFLEXIONS ET QUELQUES CHIFFRES.

Avant de fabriquer une cartouche moderne à poudre sans fumée pour le fusil GRAS, posons nous tout d’abord quelques questions et apportons des réponses à ces questions.

1.      Quelle est l’utilité d’une telle cartouche ?

Il faut se rappeler que le fusil  GRAS est à l’origine une arme créée pour tirer une cartouche munie d’un projectile en plomb et chargée à la poudre noire, même si ultérieurement, dès les années 1890, une cartouche munie d’un projectile blindé fut chargée à la poudre  sans fumée. Qui dit poudre noire dit grand volume et pression relativement faible, or la poudre sans fumée développe une pressions très élevée pour le même volume…

Il faut donc être très prudent en matière de rechargement et rester dans les limites du raisonnable. Si l’étui 348 Winchester utilisé pour la confection de la cartouche est prévu pour supporter une pression de 2800 bars, il n’en est pas de même pour le fusil. Sa culasse en particulier n’est pas dotée d’un verrouillage équilibré et symétrique. C’est la base du levier d’armement qui assure cette fonction, en prenant appui sur la tranche du boîtier de culasse, comme c’est le cas sur bon nombre d’armes de petit calibre dites armes de jardin ( 22 LR, 6mm Bosquette, 9mm Flobert, 12mm etc…). Malgré sa robustesse apparente, il s’agit là du point faible du fusil GRAS et nous devons tenir compte de cette particularité mécanique.

Figure 1  On distingue les 2 tenons de verrouillage sur la culasse d’un fusil BERTHIER 1907/15 (en haut). La culasse du fusil GRAS (en bas) en est dépourvue, d’où une plus grande fragilité du système.

 

Il devient de ce fait impératif de n’utiliser pour le tir, qu’une arme en excellent état et  si possible dont toutes les pièces sont au même numéro.

Ceci dit, un fusil GRAS en excellent état d’origine est tout à fait capable de supporter des charges réduites d’une poudre sans fumée de vivacité appropriée.

Quel est l’avantage d’une cartouche à poudre sans fumée  par rapport à une cartouche à poudre noire ?  L’avantage présenté résulte de l’emploi même de la poudre sans fumée :

-  pas d’encrassement du canon,  précision régulière et entretien de l’arme simplifié,

-  pas de nécessité de nettoyer les étuis immédiatement après le tir,

-  faible coût de la munition (500 grammes de poudre pour fabriquer 416 cartouches),

- rechargement simplifié, d’où une plus grande facilité pour le reconditionnement des munitions, éventuellement même au stand après la séance de tir.

Les raisons énoncées ci-dessus encourageront les  tireurs qui sont rebutés par l’usage de la poudre noire. En effet, l’une des qualités du fusil GRAS est qu’il peut satisfaire les compétiteurs à la poudre noire et les tireurs ludiques à la poudre sans fumée. En définitive ce fusil est à même de satisfaire tous les tireurs et c’est l’une des rares armes à permettre cela.

2.      Faut-il utiliser un projectile sous-calibré dans le fusil GRAS ?

A l’origine, le projectile en plomb de la cartouche du fusil GRAS avait un diamètre de 11mm et était calepiné de papier. Au départ du coup, le projectile se « tassait » sur lui-même et prenait les rayures : c’est l’inverse du projectile du fusil CHASSEPOT qui lui, était auto- forcé. On sait depuis, que pour obtenir la meilleure précision le diamètre du projectile doit être en parfaite adéquation avec le diamètre du canon à fond de rayures. Le principe appliqué sur le CHASSEPOT  était-il donc meilleur que celui retenu pour le GRAS ?

Les mesures prises sur le canon à 4 rayures d’un fusil Mle 1874 M 8O sont les suivantes :

-        diamètre sur les rayures : 11mm,

-         diamètre à fond de rayures : 11,5mm.

Les mesures prises sur le canon à 4 rayures d’un fusil Mle 1866/1874 M 8O sont les suivantes :

-         diamètre sur les rayures : 11,1mm,

-         diamètre à fond de rayures : 11,5mm.

Le projectile devrait donc avoir un diamètre de 11,5mm pour les deux modèles d’armes, mais le tubage du fusil Chassepot modifié Gras ne permet pas l’utilisation d’un projectile calibré à fond de rayures. Les différents moules disponibles pour couler des projectiles destinés au fusil GRAS sont en général au diamètre de 11,25mm, et ces projectiles sous-calibrés ne sont pas, de ce fait,  en adéquation avec le diamètre à fond de rayures du canon.

             Nous retiendrons donc un projectile en plomb calibré à 11,48mm pour notre future cartouche. Nous y gagnerons en régularité.

 

3.      Peut-on monter un projectile calibré à 11,48mm sur n’importe quel étui ?

La réponse est non. En effet, sur la plupart des étuis fabriqués pour la cartouche du fusil GRAS (étuis d’origine ou de fabrication plus récente), le laiton au niveau du collet est trop  épais. Si l’on monte un projectile calibré à 11,48mm sur l’un de ces étuis, il est alors impossible d’introduire la cartouche à fond dans la chambre, puis de fermer la culasse. L’utilisation d’un étui 348 Winchester permet cette manœuvre sans forcer. Un jeu de quelques centièmes de millimètres subsiste encore au niveau du collet, et il  est bon de rappeler que ce jeu est obligatoire pour la sécurité.

Figure 2  Un étui GRAS d’origine et celui obtenu à partir d’un étui  348  WIN après fire forming

4.      Les chambres des fusils GRAS sont-elles toutes identiques ?

Il a été constaté que les fusils CHASSEPOT de ST ETIENNE transformés GRAS étaient dotés de chambres un peu plus étroites que celles des fusils GRAS fabriqués neufs d’origine par cette Manufacture. De ce fait, s’il est possible de tirer dans un GRAS 1874 de ST ETIENNE neuf d’origine des cartouches dont les étuis ont déjà été utilisés dans un fusil GRAS 1866/1874 , l’inverse est impossible. Il faut donc tenir compte de cette particularité et avoir des jeux d’étuis différents si l’on possède les deux types d’armes. Il en est de même pour certaines armes fabriquées par la Manufacture de CHATELLERAULT qui n’acceptent pas de chambrer les cartouches décrites dans cet article. Leurs chambres sont beaucoup plus étroites encore que celles des armes produites à ST ETIENNE. Les tolérances étaient assez larges à cette époque...

 Comme il est tentant de passer un coup de fraise dans la chambre pour amener son diamètre à 12,2mm au niveau du collet !

 Cette modification solutionnerait immédiatement le problème et permettrait de tirer des balles calibrées à fond de rayures,  mais elle n’a pas été effectuée en manufacture et n’est donc pas valable historiquement. Un fusil ainsi modifié ne serait plus réellement un Gras réglementaire, il deviendrait simplement une banale arme de tir et impliquerait un changement de catégorie, passant de la 8ème à la 5ème, sans compter un passage obligatoire au banc d’épreuve officiel...Que de complications !

 

5.      Quel est le type de poudre sans fumée le mieux adapté à cette cartouche ?

Pour la confection de cette cartouche,  et compte tenu du très vaste volume intérieur de l’étui,  seules des charges réduites de poudre vive peuvent être utilisées, donc : poudre Vectan Ao, et Tubal 2000 (la  Tubal 3000 laisse des grains de poudre imbrûlés dans le canon).  Il  est très fortement déconseillé d’effectuer des charges réduites avec des poudres plus lentes (Cf. manuel de rechargement R. MALFATTI).         

La poudre Ao est la plus vive. Son pouvoir de consomption est rapide. Elle brûle complètement, très régulièrement, sans résidu et ne nécessite aucun bourrage. Utilisée à très faible charge,  c’est elle qui sera retenue.                                                                     

6.      Quel est le principal danger résultant de l’utilisation de la poudre sans fumée ?

Le principal danger est représenté par le fait qu’il est possible d’introduire par erreur une double charge dans l’étui lors du rechargement. Ce risque est bien réel et si cela se produit, c’est l’accident grave assuré ! Pour écarter ce danger que représente la double charge, il est impératif d’opérer avec méthode, calmement et sans se laisser distraire pendant les diverses phases du rechargement. Il faut prendre toutes les précautions possibles afin de fabriquer une excellente cartouche et non pas une mini- grenade qui détruira l’arme à coup sûr   et peut-être aussi blessera très grièvement le tireur (garder toujours ceci présent à l’esprit !).

7.      Quels sont les moyens à mettre en œuvre pour obtenir des charges régulières ?

L’emploi d’une doseuse volumétrique est à proscrire pour ce type de chargement. Utiliser exclusivement la balance à poudre complétée de l’égreneur manuel. Afin de régler la balance avec une très grande précision, il sera nécessaire de fabriquer « un poids étalon » avec par exemple un petit morceau de tôle d’aluminium au poids exact de la charge de poudre désiré (1,20 gramme dans notre cas précis pour l’utilisation de la poudre Ao). En utilisant ce « poids étalon » le réglage de la balance se trouve grandement facilité, et nous avons la certitude d’obtenir des charges très régulières d’une séance de rechargement à l’autre.

Chaque charge de poudre, soigneusement pesée, sera alors introduite dans un tube en matière plastique qui sera ensuite fermé hermétiquement (tubes de rechargement utilisés pour la poudre noire). Chaque tube garni de poudre sera disposé  dans l’une des alvéoles de la planchette de rechargement, de manière à pouvoir contrôler le bon déroulement de la phase de travail ultérieure. Il sera évidemment pesé autant de charges que d’étuis à recharger et surtout pas plus ! En procédant de cette manière, nous obtenons un nombre exact de tubes, contenant la charge exacte de poudre et correspondant au nombre exact d’étuis à recharger. Le risque de double charge est ainsi pratiquement éliminé. On ne saurait être plus prudent !

8.      La pression développée par cette cartouche a-t-elle été mesurée ?

Des contacts ont été pris avec la SNPE et le banc d’épreuve de St ETIENNE,  mais il  n’a malheureusement pas été possible de mesurer la pression développée par cette cartouche, pour la simple raison qu’il n’existe plus de tube d’épreuve pour le fusil GRAS. Cependant, le tir d’environ un millier de cartouches de ce type n’a donné lieu à aucun incident ni aucun signe de surpression sur les étuis ou sur le mécanisme du fusil lui-même. Bien au contraire, le tir est beaucoup plus confortable qu’avec une charge de 4 ou 5 grammes de poudre noire et la durée de vie des étuis semble illimitée. Tout permet de supposer que dans un étui 348 WIN formé, la charge de 1,20 gramme de poudre Ao développe avec un projectile de plomb de 26,85 grammes moyennement durci, graissé  et calibré à 11,48mm, une pression compatible avec le fusil GRAS, en propulsant la balle à 390m/s. La charge préconisée ne doit en aucun cas être dépassée et sera même légèrement réduite en saison chaude si la dispersion en cible a tendance à augmenter. En règle générale le tir est très bon et le canon n’emplombe  pas.

9.      La hausse du fusil reste-t-elle compatible avec cette cartouche ?

La réponse est oui ! A 1OO mètres, sur cible C5O, il suffit de basculer la planchette mobile de la hausse vers l’avant et de viser le bas du visuel avec le cran de mire marqué 2 (200 mètres). Il est peut-être bon de se remémorer la formule de correction d’une hausse, en fonction du  point moyen obtenu en cible par rapport au point visé :

Ecart en cible (en mm)  X  longueur de la ligne de mire (en mm)

Distance de la cible (en mm)

 Il est à noter que les organes de visée du fusil GRAS ne sont pas dérivables latéralement. Pour déplacer le tir, il est donc nécessaire de limer le pied de la planchette mobile de hausse, de la valeur trouvée par application de la formule indiquée ci-dessus, du côté où l’on veut déplacer le point moyen (si l’on veut déplacer le tir vers la droite, limer la partie droite). Il faut ensuite  supprimer le jeu créé, en disposant une rondelle de la même épaisseur du côté opposé, et remonter la planchette mobile avec son axe sur le pied de hausse. Ce travail d’ajustage est assez délicat. Il est donc préférable de commander une planchette de hausse de rechange avant de s’y risquer et de conserver la planchette d’origine en l’état.

Si la planchette de hausse du fusil GRAS Mle 1874 M 8O est encore relativement facile à travailler, ce n’est pas le cas de celle du fusil GRAS Mle 1866/1874 M 8O qui est enchâssée entre les deux oreilles du pied de hausse. Cette disposition héritée du fusil CHASSEPOT ne permet aucun débattement latéral de la planchette de hausse lorsque celle-ci  est  basculée vers l’arrière. La solution est alors de recharger à la soudure  le cran de mire 2 (pour 200 mètres) et de le retailler en appliquant la correction latérale nécessaire. Il s’agit là cependant d’un véritable travail d’ajustage pour un armurier professionnel.

10.  Quel est le type d’arme le mieux adapté pour le tir de cette cartouche ?

Si les deux types d’armes peuvent indifféremment être utilisés pour tirer une cartouche à poudre sans fumée, ma préférence va cependant au fusil Mle 1874 M80 (fusil GRAS fabriqué neuf d’origine). Le canon, la chambre et la hausse de ce modèle semblent  en effet les mieux adaptés pour le tir de cette munition. Compte tenu du diamètre du tubage de l’arme transformée,  réserver le Mle 1866/74 M 80 au tir de la poudre noire avec un projectile sous calibré et calepiné.

 

MATERIELS  NECESSAIRES ET PROCEDES DE FABRICATION.

Matériels nécessaires.

o       Etuis 348 Winchester,

o       Amorces CCI 200 LR,

o       Poudre française VECTAN  Ao,

o       Poudre noire mousquet tir SNPE,

o       Moule à balle LYMAN Réf  457 193,

o       Moule à balle LYMAN Réf  439 186 (43 SPAN.),

o       Recalibreur LEE .452 (11,48mm),

o       Recalibreur LEE .457 (11,60mm),

o       Graisse dure à base d’alox et cire d’abeille, et 1 pain de cire d’abeille,

o       Graisse alox liquide LEE,

o       1 jeu d’outils de recalibrage CH-TOOL 11 X 59 GRAS avec shell holder spécial GRAS  (vendu par LE HUSSARD),

o       1 expandeur révolver 8mm Mle 1892 RCBS,

o       1 expandeur 45 ACP (11,48mm) REDDING # 11 EXP R15 (vendu par ESP),

o       1 emporte-pièce  11mm,

o       1 rondelle métallique diamètre intérieur 14mm, épaisseur 2mm (butée),

o       1 brosse de nettoyage logement d’amorce,

o       1 nécessaire de graissage des étuis avant recalibrage,

o       Aluminium ménager épais,

o       Carton glacé épaisseur 0,3mm,

o       Papier sulfurisé,

o       Feutre,

o       Tous autres matériels (four et thermomètre à plomb, raccourcisseur  de douilles, ébavureur, balance, dosette et égreneur à poudre, etc…).

 

   Confection des projectiles.

Les quatre rayures du canon du fusil GRAS sont larges et leur profondeur est de 0,25mm. De ce fait, utiliser du plomb moyennement durci. Le plomb obtenu par la fonte de masses d’équilibrage de roues de voiture convient parfaitement. Sa dureté est de 5 sur l’échelle du testeur  SAECO-REDDING (soit 8 BRINELL environ).

Le moule utilisé est le moule LYMAN Réf  457 193 qui donne un projectile à nez plat et comportant 4 gorges de graissage.

La coulée des projectiles se fait à une température stabilisée voisine de 700°F, de manière à obtenir un poids le plus homogène possible (aux environs de 26,85 grammes) et d’éviter une température excessive du moule.

 

o       Peser les projectiles.

o       Refondre les  projectiles présentant des défauts de forme et de poids.

o       Stocker les projectiles sélectionnés à l’abri de l’air et de la poussière dans une boite métallique jusqu’à leur  utilisation.

Figure 3  La balle LYMAN 457193  brute de moule puis graissée et calibrée à 11,48mm.

 

Confection de la graisse à balle.

Le forcement de la balle dans le canon  doit être aussi régulier que possible d’un coup à l’autre. La qualité de la graisse a une incidence directe sur la régularité du forcement et donc sur la pression développée par la cartouche, d’où la très grande importance du choix de la qualité du lubrifiant.

Prendre de la graisse dure en bâton (utilisée dans les presses à graisser). Elle est composée de  50% d’alox et  50% de cire d’abeille. Si le bâton de graisse pèse 5O grammes, rajouter 25 grammes de cire d’abeille pour obtenir le mélange 1/3 alox et 2/3 cire d’abeille.

Faire fondre à feu très doux les deux composants et bien les mélanger. Verser ensuite la graisse liquide dans un moule à pâté en aluminium et la laisser refroidir. La graisse va se figer et durcir.

Le mélange indiqué ci-dessus est celui qui a donné les meilleurs résultats au tir, lorsqu’il est utilisé avec la poudre Ao.

Confection du dispositif de protection de la base du projectile.

Il est nécessaire de protéger efficacement la base du projectile des gaz brûlants résultant de la combustion de la poudre vive,  afin d’éviter l’emplombage de l’âme du canon.

Découper à l’emporte pièce de 11mm des rondelles de carton, d’aluminium et de papier. Le carton  provient de paquets de cigarettes, l’aluminium est du type « ménager » relativement épais et le papier est du papier sulfurisé utilisé pour la cuisson des aliments au four.

Attention !

Le dispositif est maintenu en place à l’intérieur de collet de l’étui et ne doit pas tomber au contact de la poudre. Il ne s’agit pas d’une bourre. Il se situe exactement et directement sous le projectile. Il descend dans le collet en même temps que la balle.

Observations concernant les étuis utilisés.

L’étui 348 Winchester est formé par emboutissage. Il est plus court de quelques millimètres que l’étui GRAS d’origine, mais sa résistance est très largement supérieure. L’étui 348 Winchester a été conçu pour supporter une pression CIP de 2800 bars (CRUSHER), alors que la pression du 11mm GRAS définie à l’époque par les ingénieurs militaires de l’armement,  n’est seulement que de 1835 bars.  Nous bénéficions donc d’une très large marge de sécurité. Il s’agit là d’un avantage indéniable. La solidité de cet étui qui est  également utilisé pour former des cartouches de 8mm LEBEL, n’est plus à démontrer. Il peut donc être utilisé en toute confiance dans le fusil GRAS après formage aux côtes de la chambre. Un seul inconvénient est à déplorer : le  diamètre du bourrelet est plus faible de 1,4mm que celui de l’étui d’origine. Si l’extraction de l’étui après le tir ne pose aucun problème, l’extracteur lâche cependant le bourrelet avant que celui-ci ne vienne heurter l’éjecteur, et de ce fait ne permet pas l’éjection automatique de l’étui. Ce dernier doit alors être enlevé manuellement, mais ceci est sans réelle importance, compte tenu de l’utilisation tout à fait pacifique à laquelle est maintenant destinée  cette arme superbe.

 

 

 

Figure 4  Le diamètre du bourrelet de l’étui 348 WIN est inférieur de 1,4 mm à celui de l’étui d’origine.

 

Modification des étuis 348 Winchester.

 

Le cycle de modification des étuis 348 Winchester pour  les rendre compatibles avec la chambre du fusil GRAS est le suivant :

 

o       Elargissement du collet,

o       Premier recuit du collet,

o       Chargement de l’étui,

o       Fire-forming (formage par le feu),

o       Second recuit du collet,

o       Recalibrage partiel,

o       Nettoyage intérieur et extérieur, séchage et polissage.

Figure 5  De gauche à droite, l’étui 348 WIN d’origine, puis collet élargi à 10,5 ensuite à 11,25 et enfin l’étui définitif obtenu après fire forming.

 

Elargissement du collet.

 

Pour cette opération, deux expandeurs différents sont utilisés successivement : l’expandeur RCBS du révolver 8mm  Mle 1892 et celui du 11mm GRAS (CH-TOLL 11,25mm). Ces expandeurs se montent sur le corps de l’outil expandeur CH-TOLL. Les filetages sont compatibles. L’expandeur du 8mm 1892 permet en une seule passe d’élargir le collet à 1O,5mm. En effet, il comporte une partie basse de diamètre 8,3mm surmontée d’une zone conique portant le diamètre  de la partie supérieure à 1O, 5mm. Avant chaque passage de l’expandeur, prendre soin d’enduire l’intérieur du collet de l’étui d’un peu de graisse de recalibrage à l’aide d’un coton-tige.

Premier recuit du collet

Disposer les étuis élargis debout dans un récipient plat de faible hauteur et verser ensuite de l’eau froide de manière à ce que le niveau se situe à environ 1/3 de la hauteur de l’étui.

A l’aide d’un petit chalumeau (genre bleuet) diriger l’extrémité de la flamme sur le collet jusqu’au moment où il commence à rougir,  puis culbuter l’étui dans l’eau pour le refroidir complètement. Le laiton du collet est maintenant relativement mou et ne se fendra pas lors du tir de formage.

Chargement de l’étui.

Notre étui 348 Winchester a maintenant le collet élargi à 11,25mm et recuit. Il va falloir maintenant le charger pour effectuer le tir de formage. Il faut dans un premier temps s’assurer que notre lot d’étuis est parfaitement sec puis amorcer (amorces CCI 200 LR).

- Charger les étuis à 4 grammes de poudre noire Mousquet tir (SNPE),

- Poser sur la poudre une bourre de feutre (découpée à l’emporte-pièce de 11mm),

- Positionner une balle en plomb et l’enfoncer à la main. J’utilise personnellement pour cette séquence, la balle provenant du moule LYMAN Ref  439 186 (43 SPAN) brute de moulage et graissée à l’alox liquide de chez LEE. Il ne s’agit pas ici de constituer un chargement de précision, mais de produire suffisamment de pression pour gonfler notre étui et le rendre ainsi compatible avec la chambre du fusil GRAS.

- Eliminer toute trace de graisse sur l’étui.

Le fire forming.

La cartouche que nous avons fabriquée n’est pas très jolie, c’est le moins que l’on puisse dire… Un miracle va cependant se produire après le fire forming. L’étui, sous la pression intérieure des gaz va gonfler jusqu’à venir se plaquer contre la paroi de la chambre et en épouser parfaitement la forme. Nous obtenons ainsi un étui propre au fusil GRAS et parfait pour les tirs ultérieurs avec cette arme. C’est magique. Si aucune précision au tir n’est recherchée lors du fire forming, il est cependant nécessaire de prendre les précautions d’usage et même davantage encore :

 

o       Port de lunettes,

o       Chambre de l’arme dégraissée,

o       Pas de précipitation, éviter un échauffement excessif du canon,

o       Tirs en direction de la butte,

o       Nettoyage de la chambre et du canon après le tir de 2 cartouches,

o       Examen des étuis tirés et essuyage extérieur etc…

L’idéal serait de disposer d’une arme réservée à ce seul usage, et dont la chambre serait identique à celle de notre arme de tir.

Figure 6  Un étui 348 WIN  élargi  prêt pour le fire forming et le même étui après ce tir dans le fusil GRAS.

 Observation : Il a été constaté qu’après le fire forming, le volume intérieur de l’étui 348 Winchester à la naissance du collet était  pratiquement identique à celui d’un étui GRAS d’époque, et ceci malgré l’épaisseur de 5mm du laiton au fond de l’étui. Le collet quant à lui est plus court de 3,5mm environ que celui de l’étui d’époque.

Second recuit du collet.

Procéder d’une manière identique au premier recuit.

 

Recalibrage partiel.

Nous disposons maintenant d’un étui  « gonflé » dont les dimensions extérieures sont voisines de celles d’un étui d’origine. Il va falloir le préparer pour son premier tir de précision. Pour cela, nous allons donc effectuer un recalibrage partiel Notre étui est propre extérieurement car il a été essuyé après le fire forming.

 

o       Rouler l’étui sur le feutre imbibé de graisse de recalibrage (sans en mettre sur l’épaulement),

o       Passer la rondelle d’épaisseur 2mm sur l’étui à recalibrer,

o       Passer l’étui au recalibreur-désamorceur (la rondelle vient en butée sur la base de l’outil).  L’amorce est éjectée, le collet est recalibré mais l’épaulement n’est pas touché. Il s’agit d’un recalibrage « partiel ». Au prochain tir, la cartouche sera ainsi parfaitement centrée dans la chambre de l’arme, avec un jeu réduit au minimum,

o       Essuyer toute trace de graisse sur le corps de l’étui,

o       Nettoyer le logement de l’amorce.

 

Nettoyage intérieur, extérieur, séchage et polissage.

Notre étui a déjà un bel aspect, mais il faut en nettoyer rapidement l’intérieur après le tir de la poudre noire. En effet une oxydation bleu turquoise apparaît  très rapidement et elle est nuisible à la longévité de l’étui. Le nettoyage sera effectué sous l’eau du robinet,  à l’aide d’une brosse nylon assez dure qui grattera efficacement les résidus de combustion collés à l’intérieur de l’étui.

Après rinçage, l’étui sera plongé 15 minutes dans un bain ammoniacal (2/3 ammoniaque et 1/3 d’eau) qui contribuera encore au nettoyage du laiton. Sorti de ce bain,  l’étui sera immédiatement rincé sous l’eau du robinet. En effet,  s’il est laissé à l’air libre sans  être rincé, le laiton va tout de suite noircir et ce n’est pas très joli…

L’étui  parfaitement nettoyé sera mis à sécher, puis il sera poli avec de la paille de fer  relativement fine.

Le cycle de la transformation est terminé. Nous disposons maintenant d’un étui qui nous fera un très long usage, à notre plus grande satisfaction.

FABRICATION  DE LA CARTOUCHE MODERNE 11MM  GRAS.

 

Nous disposons à présent  d’étuis formés aux dimensions de la chambre de notre arme, d’un nombre suffisant de projectiles soigneusement sélectionnés, de la graisse préconisée, d’un bidon de poudre Ao, d’amorces CCI 200, de rondelles de 11mm d’aluminium, de papier et de carton, ainsi que  de tout l’outillage nécessaire. Nous allons maintenant étudier les différentes étapes de la fabrication de cette cartouche (2).

Figure 7  La cartouche GRAS d’origine à gauche et celle fabriquée à partir de l’étui 348 WIN à droite. Notez la différence de longueur du collet.

 

 

Graissage des projectiles.

 

Deux méthodes peuvent être utilisées : le graissage par trempage dans la graisse fondue au bain marie ou le graissage au doigt. C’est cette dernière méthode qui semble préférable,  compte tenu du faible nombre de cartouches fabriquées pour chaque séance de tir. 20 projectiles par exemple seront donc soigneusement graissés.

 

Calibrage des projectiles.

 

Le calibrage des projectiles graissés est ensuite effectué en deux passes successives : une première à  11,60mm et une seconde à 11,48mm. Bien que ce rétreint de 12/100 paraisse très important, il ne pose cependant aucun problème et n’entraîne pas de déformation sensible du projectile, hormis sa longueur qui augmente légèrement suite à la compression du plomb.

 

La base de chaque  projectiles doit être essuyée, de manière à éliminer toute trace de graisse à cet endroit qui sera précisément en contact avec la rondelle de papier du dispositif de protection. Ceci facilitera la séparation du projectile d’avec ce dispositif de protection dès la sortie du canon, en lui évitant ainsi tout risque de déstabilisation sur sa trajectoire.

 

Préparation des charges de poudre.

 

Peser 20 charges de 1,20 gramme de poudre Ao avec le plus grand soin, et les stocker  suivant la procédure décrite précédemment (réponse à la question n°7 : quels sont les moyens à mettre en œuvre pour obtenir des charges régulières ?).

 

Préparation des étuis.

 

Nous disposons d’étuis aux côtes de la chambre du fusil et ils ont subi un recalibrage partiel après le fire forming. Nous devons maintenant en élargir le collet à 11,48mm. Pour cela, il faut simplement monter l’expandeur REDDING # 11 EXP R1 (expandeur 45 ACP)

sur le corps d’outil CH-TOOL  11 X 59 GRAS (les filetages sont compatibles).Cet expandeur étant prévu pour une cartouche de pistolet, le réglage est un peu délicat. Ne le visser que de deux ou trois tours dans le corps d’outil CH-TOOL, puis régler l’enfoncement de l’outil dans le filetage de la presse de manière à ce que l’expandeur ne pénètre que d’environ  5mm dans le collet de l’étui, dont les lèvres ne sont que très légèrement évasées.  Le levier de la presse se trouve alors en position basse maximum

Elargir à 11,48mm  les collets des 20 étuis, puis démonter l’expandeur de la presse.

 

Amorçage des étuis.

 

Amorcer  les 20 étuis avec des amorces CCI 200 LR. et les placer ensuite culots en l’air sur la planchette de rechargement, en face des 20 tubes contenant les charges de poudre. Pour la sécurité, cette précaution n’est pas inutile : elle permet de contrôler d’un seul coup d’œil que les étuis ne sont pas encore chargés et que leur nombre correspond bien au nombre de tubes garnis de poudre (attention à la double charge dévastatrice. II faut toujours être sûr de ce que l’on fait !).

 

Chargement des étuis.

 

A l’aide de l’entonnoir, charger chaque étui du contenu d’un tube de poudre, puis le disposer sur une autre planchette, de manière à ce qu’il ne puisse pas être renversé malencontreusement. Procéder calmement et en restant vigilant. En utilisant la méthode décrite ci-dessus, tout risque de double charge est alors définitivement écarté.

 

Dispositif de protection de la base du projectile.

 

Préparer les 20 rondelles de carton, d’aluminium et de papier, puis reprendre les étuis chargés un à un. Ecraser un peu entre les doigts une rondelle de carton de manière à en augmenter légèrement le diamètre et l’introduire délicatement à l’entrée du collet de l’étui. Poser dessus une rondelle d’aluminium, et terminer en déposant une rondelle de papier.

Ne pas enfoncer les rondelles profondément dans le collet. C’est le projectile qui doit le faire. Il est absolument nécessaire que les rondelles se situent immédiatement sous la base du projectile. L’épaisseur totale de ce dispositif est de 0,4 mm et son poids est seulement de 0,01 gramme. Ce système peut paraître un peu délicat et compliqué, mais à l’usage il donne d’excellents résultats en  réduisant pratiquement à zéro tout risque d’emplombage de l’âme du canon. Il est en outre si léger qu’il ne peut influencer la trajectoire du projectile à la sortie du canon.

 

Positionnement du projectile dans le collet de l’étui.

 

Monter l’outil à positionner les projectiles sur la presse, et effectuer les réglages nécessaires afin que la longueur totale de la cartouche terminée (avec le projectile LYMAN préconisé) soit de 76,80mm.

Présenter manuellement un projectile sur les lèvres du collet de l’étui et l’enfoncer légèrement, puis abaisser le levier de la presse. Le projectile est en place. Faire de même pour les 20 cartouches,  puis enlever l’outil à positionner de la presse.

 

Sertissage du projectile.

 

Démonter l’aiguille de désamorçage de l’outil recalibreur et visser ensuite le corps de l’outil dans la presse. Nous allons effectuer un très léger sertissage conique des lèvres du collet de l’étui sur le projectile, en utilisant pour cela le recalibreur.

Présenter la cartouche face au recalibreur puis abaisser doucement le levier de la presse jusqu’à sentir une certaine résistance. Donner alors un léger coup sur le levier avec la paume de la main. L’évasement du collet est refermé et le projectile est légèrement serti. Procéder de manière identique et surtout régulière pour les 20 cartouches, puis enlever le recalibreur de la presse.

 

Dégraissage des cartouches.

 

Faire disparaître toute trace de graisse sur l’étui, en prenant soin de ne pas enlever celle qui se trouve dans les 3 gorges de graissage du projectile  situées hors du collet. Essuyer également l’extrémité de l’ogive (avant la première bande de guidage).

Nos 20 cartouches sont maintenant terminées. Il ne nous reste plus qu’à les ranger soigneusement dans une boite avant de nous rendre au stand de tir.

 

 

Figure 8  Cibles C 50 de 10 coups réalisées le 04.02.05 à 50m (cible de gauche) et 100m (cible de droite) dans les conditions décrites ci-dessus.

 

 

 

                   

 

CROQUIS  DETAILLE  DE  LA CARTOUCHE  TERMINEE

 

 

 

 

                  

      CARACTERISTIQUES DU PROJECTILE  LYMAN 457 193

 

Poids : 26,85 grammes (en fonction de l’alliage utilisé)

Diamètre de l’ogive : 11,15mm

Longueur après calibrage : 27mm

Diamètre après calibrage : 11,48mm

5 bandes de guidage

4 gorges de graissage (graisse 1/3 ALOX et 2/3 cire d’abeille)

Vitesse mesurée à 2,5m de la bouche : 390m/sec

 

 

MISES EN GARDE.

 

(1) -  Ne pouvant contrôler ni l’état des armes, ni les composants utilisés, ni les techniques employées pour la fabrication de cette cartouche, l’auteur dégage toute responsabilité en cas d’incident ou d’accident qui pourraient survenir du fait de l’utilisation du présent document.

(2) -  Il est rappelé que l’usage de cartouches de fusil GRAS chargées avec de la poudre sans fumée est formellement interdit en compétition, où seule la  poudre noire est autorisée.